Pourquoi ne pas faire appel à un.e artiste pour travailler avec les tout-petits autour de l'art et de la culture ? Dans cet article, nous nous installons dans une crèche. Nous nous penchons sur les idées de la pédagogie Reggio Emilia et écoutons les expériences de Joke et Sonia, qui ont effectué des résidences dans des crèches à Anderlecht et à Sint-Lambrechts-Woluwe.

Crèche Roodebeek

La crèche communale Roodebeek part d'une approche basée sur l'expérience. Elle dispose de 49 places, réparties en un groupe de bébés jusqu'à 18 mois et deux groupes de coureurs. L'équipe est composée de dix encadrant.e.s, dirigé.e.s par la coach pédagogique Céline Daubie.

En outre, Joke Den Haese, y travaille deux demi-journées par mois avec les enfants et les encadrant.e.s en tant que coach artistique. Elle exerce cette activité depuis plus de 25 ans et est partie de l'idée de l'"atelierista", issue de la pédagogie Reggio Emilia. "L'ancienne coordinatrice, Imelda De Maegd, était une fervente partisane de Reggio Emilia et a introduit ces idées dans la crèche", explique Joke. Selon ce courant de pensée, outre l'accompagnateur.ice pédagogique, un.e artiste devrait être présent.e en permanence. Quelqu'un capable de transformer l'émerveillement des enfants en projets qui ont du sens , de l’approfondir et le traduire artistiquement. Selon la coach Céline, on a cherché la meilleure interprétation possible de cette idée et on a assorti le soutien psychomoteur d'une mission artistique. L'"atelierista" à temps plein, en collaboration avec le coach pédagogique, s'occupe donc d’approfondir la vision à l'œuvre au sein du travail pédagogique. Les heures supplémentaires nécessaires à cet effet sont payées par la municipalité.


Joke ajoute : "Les activités se déroulent avec les autres personnes qui animent et les enfants peuvent choisir d'y participer ou non. Peu importe le résultat final , terminer l'activité n'est pas une priorité. Nous travaillons à partir du matériel disponible, des thèmes qui se présentent (expériences quotidiennes de leur monde, nature, etc.) et de l'autonomie de chaque enfant." Joke transforme les intérêts des enfants en matière : "Par exemple, lorsque les enfants vont au parc, ils collectent des matériaux que je transforme ensuite en séances artistiques. Je suis activement présente dans la pièce et je propose différentes techniques, mais les enfants ont toujours le choix de participer ou non. Et cela se passe toujours bien ! Les enfants travaillent beaucoup avec des matériaux, de la peinture et de l'argile, et écoutent souvent de la musique, y compris de l'opéra. Les livres d'images servent d'inspiration et nous nous rendons régulièrement dans un parc ou une forêt pour faire entrer le monde extérieur à l'intérieur.

Ceux qui travaillent ou vivent avec des enfants sont les mieux préparés à chercher, à trouver et à se remettre en question dans l'enfant. Quiconque veut soutenir les enfants doit se mettre en recherche d’une centaine de langues pour élargir son cadre de référence et approfondir sa démarche vers l'enfant. En effet, ceux qui découvrent l'importance de leur propre langue verront également ce potentiel chez l'enfant et lui offriront ainsi les possibilités d'expression nécessaires.

- Joke Den Haese

Céline explique que les nouvelles et nouveaux encadrant.e.s ont parfois besoin d'un peu de temps pour se familiariser avec la vision de la crèche : "Peut-être parce que nous sommes moins structurés que la moyenne des crèches. Mais une fois qu'ils voient que cela fonctionne, ils comprennent que c'est une approche non seulement amusante, mais aussi efficace. Au début, les choses semblent parfois chaotiques, mais peu à peu, ils réalisent que dans ce chaos, il y a aussi de l'ordre, et ils voient que grâce à l'autonomie, les enfants apprennent beaucoup et se comportent joyeusement, librement et avec confiance".

Cie sQueezz

La Cie sQueezz a été fondée en 2012 par les danseuses-interprètes Marie-Rose Mayele-Venneman et Anne-Beth Schuurmans. Elles se considèrent comme une plateforme indépendante qui crée du théâtre et de la danse interdisciplinaires pour les plus jeunes. Avec cette plateforme, elles souhaitent également créer un échange entre les artistes et les professionnel.le.s qui travaillent avec les jeunes enfants.

Les danseuses Sonia Si Ahmed et Elian Smits ainsi que l'artiste peintre Virginie Bailly sont allé.e.s travailler pendant plusieurs semaines dans plusieurs crèches d'Anderlecht et de Schaerbeek. Un programme a également été réalisé à la crèche Elmer Sud . Gerd Lannoo, directeur d'Elmer Sud , confirme la valeur ajoutée de ces interventions. Il précise également que le fait de voir les enfants agir différemment a beaucoup surpris les encadrant.e.s : "Les encadrants ont vu émerger d'autres qualités chez les enfants lors des activités artistiques. Des enfants plutôt timides se sont décontractés lorsqu'ils travaillaient autour de la musique, ou étaient très concentrés lorsqu'ils voyaient certaines images". Les animateur.ice.s ont également apprécié les interventions et s'en sont inspirés pour travailler de manière autonome. "Par exemple, les encadrants proposent désormais des activités d'échauffement en amont des moments moteurs comme un atelier de danse,..."

On sent tout de suite que l'on est un invité dans une crèche et nous nous comportons en conséquence. Nous observons comment les enfants réagissent à notre présence, qui est différente pour chaque enfant. J'entre toujours avec une certaine distance, puis j'essaie lentement d'établir un contact en étant simplement présente et en montrant clairement que je suis accessible, sans m'imposer. Tant que vous êtes authentique, les enfants cherchent peu à peu à entrer en contact avec vous.

- Sonia Si Ahmed

Kinderdagverblijven werken volgens een eigen logica en een eerder strikte planning; het is daarom steeds zoeken naar een goed evenwicht tussen wat beide partijen nodig hebben om optimaal samen te kunnen functioneren. Gerd vervolgt: “Kinderen zijn van nature nieuwsgierig, willen dingen aanraken, willen bewegen, willen ontdekken... Waar ligt de grens van kijken, luisteren, rondlopen, aanraken? Je kan een kind immers niet op een stoel laten zitten. Ook belangrijk is om de kunstenaar hierin te betrekken, in wat al dan niet werkt bij een jong kind. Het proces met Cie sQueezz verliep in etappes: zij werkten iets uit en kwamen het vervolgens bij ons testen, met veel ‘georganiseerde’ improvisatie.” Virginie Bailly vult aan dat het als kunstenaar makkelijker is om langere trajecten te doorlopen op één plaats, dan kortstondige interventies te doen in meerdere kinderdagverblijven. “Dit geeft ons, de kinderen en de begeleid(st)ers meer tijd en ruimte om aan elkaar te wennen en om meer in de diepte te kunnen werken.”

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