projectwww | Zoom-in: Woluwe
Marijke Van Hassel
‘Projectwww’ était un projet d'arts de la scène destiné aux jeunes. Ce projet de trois ans a vu le jour sous l'impulsion de Zinnema, en collaboration avec une vingtaine d'organisations partenaires. Woluwe-Saint-Pierre et Woluwe-Saint-Lambert souhaitaient toucher et impliquer un plus grand nombre de jeunes dans leur région. Il s’est pourtant avéré difficile d’amener les jeunes à participer à projectwww. Ciska Vandendriessche et Juan Guervos, coordinateurs de la politique culturelle, et Elien Broos, animatrice jeunesse, nous parlent de leur expérience.
Lasso: Comment vous êtes-vous retrouvés impliqués dans projectwww ?
Ciska: Plusieurs projets intéressants avaient déjà été menés par le passé avec des jeunes à Woluwe-Saint-Pierre. Ce projet de trois ans nous a semblé être une excellente occasion de tisser des liens avec nos jeunes. Lors de la première édition, nous avons collaboré avec Tervuren et Auderghem. Mais comme nous n’avions que quatre participants inscrits et qu’ils manquaient de régularité, nous avons dû prendre la regrettable décision d’interrompre la trajectoire. Pour la deuxième édition, nous nous sommes associés à Woluwe-Saint-Lambert.
Elien: Cela faisait peu de temps que je travaillais comme animatrice jeunesse au centre socio-culturel Op Weule quand projectwww a démarré. Le centre se tournait à peine vers la jeunesse et, à l’époque, nous venions tout juste de recevoir des conseils de JES pour aborder la question des adolescents et de la participation. J’ai pensé qu’il était trop tôt pour participer à un projet de l’ampleur de projectwww. Pour la deuxième édition, en revanche, nous nous étions engagés à développer concrètement les activités en faveur de la jeunesse. J’ai changé d’emploi avant la deuxième édition (Elien travaille désormais à De Kriekelaar, ndlr).
Initialement, tout le processus devait se dérouler à Tervuren, mais pour des raisons pratiques, les répétitions ont eu lieu à Auderghem et la représentation a été planifiée à Woluwe-Saint-Pierre. Mais il est important de disposer d’une base unique pour créer des liens au sein d’un groupe. Il faut observer les déplacements des jeunes pour amener les communes à travailler ensemble depuis cette base.
- Ciska
Juan: J’ai commencé à travailler à Woluwe-Saint-Lambert entre la phase de recrutement et le début des répétitions de la deuxième édition. J’ai donc été immédiatement intégré au projet. Un certain nombre de remaniements de personnel n’ont pas facilité le passage de témoin, alors que le travail devait commencer concrètement à ce moment-là. J’ai donc fait tout ce qui était en mon pouvoir pour inciter un maximum de jeunes à participer aux journées de présentation du projet.
Le recrutement des jeunes s’est avéré moins évident dans votre région, et ce pour les deux éditions.
Ciska: Lors de la première édition, la distance entre les partenaires nous a joué des tours. Initialement, tout le processus devait se dérouler à Tervuren, mais pour des raisons pratiques, les répétitions ont eu lieu à Auderghem et la représentation a été planifiée à Woluwe-Saint-Pierre. Nous avons constaté que les jeunes perdaient leurs repères, car les lieux sont éloignés géographiquement les uns des autres. Or, il est important de disposer d’une base unique pour créer des liens au sein d’un groupe. Il faut observer les déplacements des jeunes pour amener les communes à travailler ensemble depuis cette base.
La mobilité des jeunes entre l’école et le domicile est différente. Un grand nombre de jeunes scolarisés à Woluwe vivent en dehors de la commune et ont donc tendance à passer leur temps libre ailleurs.
- Juan
Elien: Le centre socio-culturel Op Weule était conscient de son manque d’attrait pour les jeunes : le projet en était à ses balbutiements, l’offre était limitée, le centre lui-même se trouvait au milieu d’une zone résidentielle et il fallait traverser une chaussée quand on venait de plusieurs quartiers. Nous étions donc prêts à chercher un emplacement plus approprié pour atteindre activement les jeunes.
Juan: La cohésion sociale est beaucoup plus forte dans d’autres communes bruxelloises qu’ici, et la mobilité des jeunes entre l’école et le domicile est différente. Un grand nombre de jeunes scolarisés à Woluwe vivent en dehors de la commune et ont donc tendance à passer leur temps libre ailleurs. La majorité des jeunes sont francophones, alors que le projet a un caractère néerlandophone. Le secteur francophone de l’animation jeunesse touche également beaucoup de jeunes ici. Il est vrai qu’ils travaillent de manière plus durable avec du personnel rémunéré dans les maisons des jeunes francophones, et qu’ils connaissent donc très bien le quartier et les jeunes. Cette confiance et cette façon de travailler leur permettent de s’adresser aux jeunes et de les faire participer plus facilement, ce qui est malheureusement moins le cas du côté néerlandophone. Dès le début d’un projet, la collaboration avec ces partenaires peut s’avérer beaucoup plus fructueuse que la simple recherche de jeunes néerlandophones dans une commune à prédominance francophone.
Elien: La culture du chacun pour soi est aussi plus marquée à Woluwe, et il y a peu de dialogue avec d’autres organisations. Les réseaux néerlandophone et francophone ne se réfèrent pratiquement pas l’un à l’autre. À Schaerbeek, où je travaille actuellement, les choses sont très différentes : tout le monde cherche à se renforcer mutuellement et à créer ensemble une offre pour la commune. Je pense qu’un réseau aussi solide, dont l’union fait la force, peut faire une énorme différence dans les projets.
Vous avez fait le tour des écoles pour susciter l’intérêt des élèves pour le projet. Comment cela s’est-il passé ?
Elien: J’avais déjà noué des liens avec l’internat Don Bosco de Woluwe dans le cadre de mes études. Ils étaient deman- deurs pour leurs élèves et au cours de la période covid, nous avons réussi à mettre en place une belle coopération d’un an et demi entre l’internat, les écoles, la maison des jeunes et le centre socio-culturel Op Weule. Cette même coopération s’est étendue au KIW (Institut Royal de Woluwe), une école secondaire d’enseignement spécialisé. Le KIW a fini par abandonner en raison d’un manque de personnel, mais Don Bosco a continué.
Juan: Je suis allé plusieurs fois présenter le projet dans des écoles et des organisations de jeunesse. La mise en oeuvre pratique d’une démonstration de ce type implique toujours énormément de choses. Quand on fait de la promotion dans une école devant 300 élèves et qu’aucun d’entre eux ne répond à l’appel, on est forcément déçu. Nous devrions peut-être adopter une méthode plus fluide pour toucher les jeunes. Ou nous demander s’il n’y a pas des lieux plus appropriés dans notre région, tels que les maisons des jeunes, les foyers d’accueil ou les centres commerciaux, pour les intéresser à un projet de loisir.
Que retirez-vous de cette expérience pour l’avenir ?
Juan: En me lançant directement dans le projet, j’ai noué de bons contacts avec l’école européenne en vue d’autres pro- jets et initiatives. J’espère pouvoir établir d’autres belles collaborations avec eux et d’autres interlocuteurs.
Elien: Certaines choses réussissent et d’autres échouent. J’en ai fait l’expérience à plusieurs reprises, surtout à Woluwe : quoi que l’on fasse, on ne sait pas si cela va marcher. Mais la quête n’en est pas moins enrichissante pour autant.
Ciska: J’ai continué à suivre le projet et j’ai beaucoup aimé les représentations dans les autres régions. Les coachs ont accompli de belles créations en très peu de temps et les jeunes ont formé un groupe très soudé, malgré le fait qu’ils ne se connaissaient pas au préalable.
Vous voulez en savoir plus ? La publication projectwww : parcours innovant pour jeunes autour des arts de la scene contient une série d'interviews et d'histoires pratiques.